Présentation d\'un masque [NB : à terminer]

Partie 1 : Bienvenue en enfer.

Dans la nuit noire un cri unique avait déchiré le silence. Les hommes se dévisagèrent soucieux et leurs regards se tournèrent inévitablement vers l’origine du bref hurlement. Les convives effrayés ne touchaient plus à leur assiette, tout appétit les quittèrent à l’instant même où leurs yeux se posaient sur le manoir des Lockhearts. Les festivités avaient pourtant débuté sous les meilleures hospices, les invités riaient gaiement, les couples roucoulaient langoureusement, et le feu de bois érigé pour l’occasion craquait joyeusement réchauffant les cœurs des plus moroses. Le village connaissait un des événements les plus attendus : La fête du printemps, saison des cerisiers en fleurs, de la nature s’épanouissant en une couverture immaculée de fleurs aux pétales délicates. Les villageois en oubliaient presque leur souci majeur à savoir les meurtres sévissant depuis peu dans leur petit havre pacifique, assassinats qui les avaient ébranlés tant et si bien qu’il n’osaient plus sortir de leur demeure à la tombée de la nuit. Les soupçons s’étaient dirigés d’emblée sur les nouveaux arrivants qui avaient élu domicile dans le vieux manoir situé au sommet de la colline dominant le petit village autrefois paisible. Les Lockhearts, des étrangers particulièrement fascinants pour leur beauté hors normes et cette allure altière à l’égale des rois, mais ce n’était qu’un avant gout… La déférence dont-ils faisaient preuve à l’égard des plus modestes en faisait rougir plus d’un et bientôt ils devinrent une référence notoire dans le village peuplés d’hommes ordinaires subjugués par le charme envoutant de cette famille singulière. Mais bientôt on retrouva des corps dont on avait pompé la totalité du sang aux quatre coins du village rompant sa quiétude. Des ragots circulèrent presque aussitôt se muant en une méfiance teintée de crainte. Alors ce soir là c’est non sans peur qu’ils festoyèrent sur la place du village afin de célébrer la fin de l’ère glaciale.
Le lendemain un cortège traversa le village, il s’agissait de certains membres de la famille Lockhearts ces même membres qui à leur arrivée s’étaient montré particulièrement déplaisant et hautains à l’inverse des autres membres qui étrangement ne se trouvaient pas parmi eux, sauf une petite fille…
Ils avaient laissés le manoir à l’abandon du jour au lendemain comme s‘ils fuyaient un danger, certains villageois établirent le lien avec le cri aigu de la nuit dernière. Ces derniers suspicieux s’aventurèrent dans la manoir et ce qu’ils y découvrirent dépassait leurs cauchemars les plus fous…
De retour au village, les yeux vidés de toute expression ils ne cessaient de répéter inlassablement :

-Des crocs béants… une rivière de sang… Des vampires… Tous morts.



Partie 2 : La musique et les complots.



Eilenn n’avait aucun souvenir de son passé, seules quelques bribes revenaient par moments lorsqu‘elle se concentrait de manière intense mais le phénomène intervenait rarement. Elle possédait une boite à musique pour seul objet s’apparentant à son enfance nébuleuse, la mélodie qui en sortait la laissait mélancolique pour une raison qu’elle ignorait. Ses parrains l’ont adoptée alors que ses parents trépassaient par la main de hunters, mais ce discours sonnait faux aux yeux de Eilenn bien qu’elle s’abstenait d’émettre le moindre jugement. Pour être honnête, elle n’appréciait pas particulièrement ses nouveaux « parents », elle les jugeait beaucoup trop arrogants et imbus d’eux même mais là encore la prudence lui dictait le silence. Un jour alors qu’elle repassait en boucle la mélodie de sa boite à musique, sa tante excédée entra en trombe dans sa chambre et envoya valser la boite avant de sortir tout aussi promptement. Eilenn ramassa calmement la boite, les crises dont sa tante était sujette la laissait indifférente après en avoir fait l’expérience des années durant, la force de l’habitude sans doute…
La violence de la chute avait ouvert un compartiment qu’elle ne connaissait pas jusque là, Eilenn subjuguée ouvrit un minuscule dissimulé autrefois dans un motif astucieux et en sortit une clef en or.
Un assaut de souvenirs la frappa alors et lui laissa le souffle coupé…

Un bureau… Un coffre… Une femme...

-Maman…

Eilenn ne se rappelait l’emplacement exact de son ancienne demeure, mais ses jambes la conduisaient d’elles-mêmes comme si leur mouvement était dicté par un instinct enfouis. C’était un manoir juché sur une colline bordée d’un petit village cocasse. Lorsqu’elle traversa le village en question, les villageois la jaugèrent avec une crainte mêlée de surprise. Elle ignora l’hostilité croissante des habitants, son attention focalisée sur la manoir qu’il lui rappelait vaguement quelques souvenirs. A l’intérieur, elle prit immédiatement la direction d’une salle sans vraiment en prendre conscience, comme plongée dans un état second elle ne remarqua même pas l’état déplorable de la salle dans laquelle ses pas l’avaient conduite. Comme elle s’y attendait un coffre fort se cachait derrière une peinture. Elle y glissa la clef en or et un déclic se fit entendre, là encore rien d’étonnant, les souvenirs affluaient lui montrant la marche à suivre, au fur et à mesure les voiles se levaient et sa nervosité naissante s’accentuait à l’approche d’une vérité imminente. Et à l’intérieur du coffre, un carnet qu’Eilenn ouvrit de ses doigts tremblants agités de convulsions fébriles.



« …Nous nous sommes établis dans un manoir reculé dans l’espoir d’échapper à l’influence pesante des haute sphères nous affligeant toujours plus de responsabilité malgré notre refus catégorique. J’espère trouver dans cette demeure un semblant de tranquillité et y voir s’épanouir la chair de ma chair, mon Eilenn qui représente plus que je ne saurais exprimer. Ma petite Eileen, ses facultés sont tout simplement impressionnantes ! Après avoir bu une gorgée du sang de sa servante, elle en a pris l’apparence sans difficulté apparente, il en est de même pour les éléments naturels dont le simple toucher permet la fusion, j’ose à peine imaginer l’utilité qu’elle pourrait représenter entre de mauvaises mains, des mains ambitieuses hélas. Je soupçonne le frère de mon mari de vouloir mettre la main sur ce potentiel prometteur selon les dires de ce dernier. Nous n’avons rien voulu entendre aussi bien moi que mon mari, mais le connaissant il ne renoncera pas à son entreprise de sitôt.
J’ai plusieurs fois surpris mon beau frère en train d’entretenir des messes basses en compagnie d’alliés zélés du Conclave lorgnant eux-aussi sur notre Eileen, j’ai d’ailleurs alerté mon mari au sujet d’un éventuel complot mais il ne supporte l’idée d’une trahison provenant de son propre frère. Je pressens un malheur… »
Une goutte s’écrasa sur la page inachevée.


Partie 3 : Fuite.

Eilenn n’est jamais revenue au domicile de son oncle, ce traître abject qui n’avait pas hésité à massacrer sa propre famille pour faire main basse sur l’objet qu’il convoitait. Sa disparition n’était évidemment pas passée inaperçue et bientôt des émissaires se mirent à sa recherche, mais celle-ci bénéficiant d’un atout non négligeable, les échappa à plusieurs reprises en empruntant leur apparence voire celle d’un arbre. Mais petit à petit l’étau se resserrait et Eilenn se vit dans l’obligation de faire un choix… Au commencement de sa fuite, Eilenn s’était jurée d’épargner les civils par considération à l’égard de ces humains sans défense, toutefois elle dut bientôt faire abstraction de sa promesse devant l’avancée progressive de ses assaillants qui ne se laissaient plus berner aussi bien qu’avant…

Partie 4 : Elle

Une ferme, une cheminée fumante et des rumeurs de conversation… Des éclats de rire. Eilenn accroupie derrière un fourré peinait à se résoudre à commettre l’irréparable même si le gout du sang ne lui était pas inconnu. Seulement il lui faudrait tuer la personne dont elle aura sélectionné l’apparence afin de l’emprunter à son tour et éviter d'éventuelles complications se rapportant à l'original.
Une des portes grinça sur ses gonds et une silhouette frêle se faufila parmi les ombres un seau à la main. Eilenn inspira une pleine goulée d’air avant de s’élancer sur sa victime, cette dernière ne hurla même pas et se contenta de se soumettre à la volonté de son agresseur.

-Pourquoi ne te défends-tu pas ?

Eilenn percevait les battements précipité du cœur de sa victime, elle sentait sa peur palpable et malgré tout elle restait immobile, telle un cadavre.

-Il… Il m’a dit… que je n’en valait pas la peine… que je ferais mieux de mourir… Que je suis une trainée… il me déteste… il a raison… je ne vaux rien…

La fille poursuivait son délire empreint d’une détresse émouvante malgré l’absence de sens de ses propos. Eileen interloquée était incapable de bouger le moindre membre, au lieu de la faciliter, cette fille compliquait considérablement sa tâche. C’est alors qu’un rayon de lumière issu de l’une des fenêtres de la fermette baigna le visage confus d’Eilenn.

-Je… je te connais… un avis de recherche a été placardé dans tout le village… ils offrent une récompense… papa serait tellement fier de moi si

Ses yeux s’agrandirent tandis que l’expression de son visage se durcissait. Les lèvres de la fille s’étirèrent en un sourire naïf, une soudaine lueur d’espérance illumina ses yeux inondés de tristesse. Eilenn contempla les pitoyables efforts de sa victime non pas pour se libérer mais contre toute attente pour immobiliser son adversaire.

-Ne fais pas ça

La fille persévéra, griffa frénétiquement les bras d’Eileen sans parvenir à les écorcher, la folie déformait ses traits doux, ses yeux exorbités ôtait toute humanité à ce visage monstrueux. Vint ce moment où Eilenn horripilée ne supporta plus la vue de la fille et céda à ses impulsions…


Partie 5 : Refuge


Cette existence faite d’errance ne convint bientôt plus à Eilenn qui élabora un plan destiné à l’intégrer de façon permanente au sein d’un établissement sans que le risque d’être découverte ne la pousse une fois de plus à déserter. Cette solution se présenta bientôt sous le nom pompeux de «Académie Cross» regroupant vampires et humains sous le même toit. Or pour intégrer cet établissement, elle devait également s'introduire au sein d'une famille ayant l’intention d’y intégrer leur enfant. Une fille correspondait à ces critères, Eilenn abrégea son existence sans aucun scrupule et endossa son identité. Il s’avère que par le plus grands des hasards, les deux jeunes filles portent le même nom à savoir «Eileen».