Mauvaise humeur (c'est pas ma faute!!!!) [PV Mina]

Très drôle. Finalement tous les proverbes ne disaient pas forcément vrai. Ai shoota dans un cailloux avec énervement.

"Pourquoi le temps ne se décide pas à virer au gris au lieu d'être beau et agréable façon "bonne-journée-mesdames-et-messieurs"?"

Les Nightclass avaient deux jours de congés et, résultat, la jeune fille n'avait rien à faire. Ce qui signifiait? Qu'elle s'ennuyait et se sentait comme étouffée entre ces murs inscouciants. L'enfant mourait d'envie de sortir de l'établissement, d'aller se recueillir sur la tombe de sa famille mais vu ce qui était arrivé la dernière fois, elle songea qu'il serait sans doute préférable de rester là. Le souvenir de la blessure sur son épaule demeurait encore vive et... plutôt désagréable.

Au fait, se demander ce qu'une vampire faisait dehors à cette heure de la journée ne paraîtrais pas du tout déplacé. Aussi, autant répondre à ce pourquoi. Pour tout dire, Enma se trouvait ici et maintenant car elle n'était pas parvenue à dormir. Ce qui n'était pas nouveau. Enfin, on finit par s'y faire.

Ceci se présentait comme une des explications de la mauvaise humeur de la level B. Evidemment, il y en avait d'autres. Comme si cela ne suffisait pas, elle était à court de Blood Tablet. En général, quand elle souffrait de la soif, elle se contentait de sucer son propre sang -à vivre en autharcie donc =='- bien que ça ne se révélait pas très nutritif. Oui mais... mais là, c'en s'en avérait frustrant. Très frustrant.
Ensuite, elle devait rattraper une tonne de devoirs. Logique vu que la plupart des leçons, elle les avait passées à l'infirmerie. Raison pour laquelle elle était si à la traîne en classe. Quels excellents bénéfices on retire des "séchages de cours", n'est-ce pas.

Bref, pour en revenir à la petite antropophage aristocrate, elle ruminait encore et encore dans sa "barbe". Saisissant une pierre, elle la balança d'un air agacé de l'autre côté du mur. En espérant n'avoir touché personne.

"Même pendant tout ce temps où je me suis morfondue, je n'ai jamais autant regretté d'être née. Quand bien même je me répugnais"

Soupirant, Ai regarda autour d'elle, vérifiant de ne pouvoir être vue d'aucun élève avant de montrer son énervement au premier arbre du coin.

Ai sursauta. Quelqu'un avait crié, pas loin. Et vu le timing, certainement parce que la pierre qu'elle avait balancée un peu plus tôt avait atterri sur la tête du malheureux.

"Mince. Je fais quoi maintenant? Si ça se trouve, il ou elle m'a entendue..."

Décidément, cette journée n'était vraiment pas la meilleure. Maintenant cela lui faisait une raison de plus pour détester ce temps de calme.

"Bon. Y a-t-il seulement une statue ou un truc du genre dans le coin?"

En avisant une un peu plus loin, la jeune fille se centra sur le visage de pierre et ferma les yeux. Après s'être assurée qu'elle maniait bien la figure austère de la personne à qui on avait érigé un tel monument, elle fit bouger les pupilles minérales d'un point à un autre, cherchant qui pouvait bien s'être trouvé assez malencontreux pour avoir été sous le projectile. Quelques éclats de voix lui parvinrent et elle finit par remarquer un chat noir... qui semblait parler à une élève hors champs. Cette dernière paraissait elle aussi passer un jour des plus énervant. Du moins, c'est ce que la level B pensait vu les jurons poussés.
Fallait-il les interpeller? ou s'éclipser discrètement? Ou...

"Pourquoi suis-je toujours coupable de quelque chose? pourquoi est-ce qu'à chaque fois je trouve le moyens de faire du mal?"

Bon. Il était certainement plus correct de s'excuser que de rester là, comme...comme une voyeuse, tiens! Oui mais... que dire? "Désolée, fallait que je rejette ma colère sur un truc, tu t'es trouvée là au mauvais moment, c'est donc ta faute"? Bien sûr que non!
Déjà, c'était très grossier et ensuite, se serait se voiler la face. Parce qu'elle se sentait sur les nerfs, elle devrait ne pas reconnaître sa faute? Quelle horreur!
Enma ne cessait de se creuser la tête: elle parlait si peu souvent qu'à moins d'avoir réfléchi un certain laps de temps. La dernière fois qu'elle avait dit quelque chose comme ça, elle avait raconté des choses désagréables, blessantes, et surtout, à la fin, elle n'en avait plus conscience et les avait sincèrement regrettées. Donc, elle préférait tourner sept fois sa langue dans la bouche avant de sortir ce qu'elle ne pensait pas. Cela valait mieux pour tout le monde, en particulier pour elle.

Prenant une bouffée d'air pour se donner du courage, Ai s'apprêta à attirer l'attention des personnages de l'autre côté du mur. Cela risquait d'être difficile vu le nombre de fois ou elle avait ouvert la bouche pour parler à quelqu'un se résumait à un tant pouvant se compter sur une main.
Mais comme on dit, "quand faut y aller, faut y aller"!

-Excusez moi...

Son regard en était rempli. En ces yeux noirs de colère, l’attente d’une réponse. Jour de malheur.
De toute manière, elle avait perdu le sens de la relation, elle, la poupée des Enfers. Ca ne lui faisait ni chaud ni froid. Cependant, Ai avait conscience qu’il serait plus courtois de s’excuser en tant que personne et non pas en tant que statue. Elle alla se percher sur le muret.

-Toi.

Les yeux de la level B restaient inexpressifs. Un visage pâle et immuable. Le même depuis 80 ans. Neutre.

La vampire baissa sa vue sur la jeune fille qui l’avait interpellée. Une aînée apparemment. Brune. Accompagnée d’un chat. Noir. Et de la même espèce qu’elle... Sangsue. Enfin… Pas tout à fait. Il dégageait d’elle une puissante aura. Intimidante.

« Ah. C’est donc une level A ? De toute manière, quel que soit notre catégorie et notre rang dans la société nocturne, nous sommes tous… des monstres. »

Et oui. Aux yeux de l’enfant, tout être sanguinaire se repaissant du flux vital était une créature horrible. Bien sûr, elle s’incluait dans le lot. Que serait-elle sinon, elle qui avait « dévoré » son père, sa mère, sa sœur ?

Le vent balaya les joues blanches de la petite Night Class. Ses cheveux –longs, noirs et détachés- s’agitaient dans la brise de passage. En bas, la Sang-Pur guettait les paroles qui s’échapperaient des lèvres de la fillette, pour lâcher une quelconque excuse. Ai était attendue au tournant.

Son silence durait à présent depuis presque 10 minutes. Livrer ne serait-ce qu’une phrase. Ce chat avait des yeux jaunes. La maîtresse de ce dernier jetait un regard sombre. Comme l’avenir. Enfin… si ce dernier existait. Oui, bon, ce n’était pas le moment d’y penser. Là, il ne fallait qu’une chose. Chose qui tournoyait dans la tête de l’enfant. Répondre. Répondre. Répondre. Comme un tambour que l’on frappe, cet ordre résonnait à l’intérieur d’elle-même.
Maintenant !

-Désolée. Le sable de l’éternité s’alourdit pour créer des crevasses…